Wednesday 14th of October 2020

Posted by Albert MBALLA

Catégories Médécine

Tags Santé

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Au Cameroun, duel d’archevêques autour du Coronavirus

C’est un nouvel épisode dans l’insidieuse bataille qui oppose depuis cinq ans l’archevêque métropolitain de Douala Mgr Samuel Kleda à celui de Yaoundé, Mgr Jean Mbarga. Après les divergences sur les questions politiques – le premier a clairement émis des doutes sur les résultats de la dernière présidentielle donnant Paul Biya vainqueur, quand le second prône la neutralité de l’Église – , c’est sur le terrain de la santé que la rivalité entre les deux prélats a surgi de nouveau.

Au cœur du débat, la situation du Cameroun face à la pandémie de Coronavirus. Depuis le début de l’épidémie, les chiffres officiels font état de 18 402 cas confirmés depuis le début de la pandémie, dont 15 320 guéris, et 395 décès.

« Remède » au coronavirus

Pour Samuel Kleda, le Coronavirus a été « vaincu ». L’archevêque de Douala a annoncé la nouvelle à ses fidèles, le 1er août, au cours d’une célébration religieuse dans l’enceinte de la cathédrale Saint-Pierre-de-Paul de Douala. L’ancien président de la conférence épiscopale du Cameroun a réitéré cette opinion face à la presse, évoquant une baisse drastique des nouveaux cas pour justifier son propos.

« Les stocks des remèdes contre cette pandémie chôment depuis quelques jours dans nos hôpitaux catholiques, car il n’y a presque plus de malades », a annoncé l’archevêque, qui est aussi le « découvreur » de deux supposés remèdes au coronavirus : l’Elixir Covid et de l’Adsak Covid, des solutions phytothérapeutiques.

Samuel Kleda revendique avoir guéri 9 000 personnes grâce à ses produits, ce qui lui fait dire que « le Coronavirus est désormais curable au Cameroun ». “ Si nous nous organisons bien, aucun Camerounais ne pourra plus mourir de Coronavirus, étant donné que nous avons un traitement efficace», a-t-il précisé.

Depuis lors, si l’archevêque a pris soin de demander à ses ouailles de ne pas baisser la garde sur la prévention, une partie des mesures barrières a été levée de fait dans les églises du diocèse de Douala, où il est désormais loisible de suivre le culte sans arborer de masques. La distanciation sociale au sein des lieux de culte catholique est également de moins en moins respectée, contrairement à Yaoundé où le respect strict des mesures barrières demeure de mise.

« Personne n’est plus à l’abri, c’est une question de vie ou de mort »

Dans ce diocèse de la capitale politique camerounaise, Mgr Jean Mbarga déploie en effet un discours aux antipodes de celui de son collègue de Douala. « L’heure est grave et la pandémie s’aggrave. Le nombre de contaminés s’accroît de jour en jour. Personne n’est plus à l’abri, c’est une question de vie ou de mort », a-t-il ainsi affirmé lors du lancement d’une campagne diocésaine de santé, fin juillet.

À la cathédrale, le port du masque est toujours obligatoire et les bancs clairsemés pendant les messes en raison des contraintes de distanciation sociale qui restent de mise. Et le 9 août dernier, l’archevêque métropolitain de Yaoundé a encore enfoncé le clou, prenant le contre-pied complet de son collègue de Douala. Et de prescrire aux fidèles rassemblés à la chapelle Sainte-Odile-de-Nomayos pour une messe organisée en marge de l’inauguration du centre médical Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus : « Gardez vos masques tout au long de cette eucharistie, car le coronavirus n’est pas fini. » Tout comme, visiblement, l’étalement sur la place publique des divergences entre les leaders des deux principaux archevêchés du pays.